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l'Humanité: Deux courts qui en disent long

2011-02-10

Le coup d’envoi du Festival international de courts métrages de Clermont-Ferrand a été donné ce week-end. Premières vues.

Édouard Salier crée un état de psychose froide avec Splitting the Atom (programme Labo), un film d’animation français de cinq minutes sur une musique de Massive Attack. Un mouvement baroque de caméra, vrillant l’espace tantôt vers le bas, tantôt vers le haut, en symbiose avec son sujet, capte les images d’une ville d’acier qui vient d’exploser. Architecture de très haute couture, avec ses feuilles d’arbre déchiquetées à angle droit, des oiseaux métalliques et des immeubles éclatés couleur de sang. Cette décomposition urbaine d’allure post-nucléaire engendre une image d’où l’homme a disparu.

Programme Labo toujours, avec Il était une fois l’huile de Vincent Paronnaud, film d’animation de quinze minutes. C’est un dessin animé français (avec insertions d’images d’archives cinématographiques en vidéo) faussement naïf qui relate l’histoire d’une entreprise de recyclage d’huiles de moteur et de friture d’envergure planétaire. L’histoire est racontée à deux gamins par un génie publicitaire avec un gros cul et une tête en forme de goutte d’huile, qui va les conduire dans son monde « mervhuilleux ».

Cette propagande doit évidemment être lue à l’envers car elle possède des vertus dénonciatrices. La preuve en est qu’en cours de route nous rencontrons le PDG, Édouard Michel Mérol, « numéro un mondial du gras », ses testeurs et l’homme de science qui est son acolyte et ressemble à Hitler comme deux gouttes… d’eau. Tous les bienfaits de l’huile sont passés en revue depuis l’Antiquité, où ses qualités érotiques ont fait les beaux jours des figures priapiques représentées sur les vases grecs, jusqu’aux poilus de Verdun qui mouillaient d’huile leur mauvais vin. Instructif, très instructif.

Muriel Steinmetz